La prière pour le monde entier

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La prière juive n’est pas centrée uniquement sur les besoins du peuple juif. Elle s’ouvre au monde, porte en elle une vision universelle et une espérance pour l’humanité entière. Comment comprendre que nos textes les plus sacrés expriment le souhait de voir la paix, la lumière et la justice s’étendre sur toute la Terre, y compris pour ceux qui n’appartiennent pas à notre peuple ? Et pourquoi cette dimension universelle est-elle si profondément enracinée dans nos textes ?

« Sim Chalom » dans la Amida

 Trois fois par jour, à la fin de la Amida, nous prononçons la bénédiction « Sim Chalom » : demande explicite que la paix se répande sur Israël… et au-delà.

« Sim Chalom Tova ouVrakha, ‘Hessed véRa’hamim, alénou véal kol Amo Israël »

(Fin de la Amida)

Certes, l’invocation concerne d’abord le peuple juif, mais selon de nombreux commentaires, la paix véritable n’est possible que si elle englobe l’ensemble des nations. Le Rambam enseigne que l’universalité est inscrite dans la nature même de la prière : elle éveille la conscience à l’unité du monde voulu par Hachem.

Avraham priant pour Sodome

Le premier modèle de prière universelle dans la Torah vient d’Avraham lui-même. Il intercède longuement pour des gens corrompus, éloignés de toute morale, habitants de Sodome.

« Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville ? Détruiras-tu et ne pardonneras-tu pas à la ville à cause des cinquante justes qui s’y trouvent ? »

(Beréchit 18, 24)

Ce passage est fondateur. Il montre qu’Avraham, père des croyants, se soucie de ceux qui sont en dehors de son peuple. Il plaide pour eux, sans haine, sans exclusion, avec la seule aspiration à la justice et à la clémence divine. C’est cette posture de prière tournée vers l’universel qui est au cœur de notre tradition.

Rav Sacks : la prière comme vision du monde

Le Rav Jonathan Sacks zatsal écrivait que la prière n’est pas une échappatoire, mais une éducation de l’âme. Elle forme notre regard sur le monde et façonne notre rôle à l’intérieur de celui-ci :

« Nous prions pour le monde non parce qu’il est parfait, mais parce que nous espérons le réparer. La prière ne change pas Hachem, elle change l’homme »

(Rav Sacks, *Ceremony & Celebration*)

Cette dimension fait de la prière juive une force de transformation sociale. Elle appelle à la paix, à la bonté, à la justice — non seulement pour soi, mais pour tous. La grandeur d’un peuple ne se mesure pas seulement à ses rituels, mais à sa capacité à prier pour l’ensemble de l’humanité.

Conclusion – Une prière tournée vers l’humanité.

Prier véritablement, c’est se relier à Hachem en intégrant le monde entier dans sa conscience. Chaque prière devient alors un acte de Tikoun global, une offrande d’unité et de lumière pour tous les vivants.

Résumé : La prière juive vise l’universel. Elle se manifeste dans la Amida, s’enracine dans Avraham, et s’élève avec Rav Sacks vers une vision réparatrice de l’humanité.

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