Tikoun et économie éthique dans le Jubilé

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Tikoun et économie éthique dans le Jubilé

Et si la Torah proposait une économie radicalement différente, où l’argent ne domine plus l’homme, mais le sert ? Le Yovel (Jubilé), année sabbatique du cinquantième cycle, bouleverse nos conceptions de la propriété, du travail et de la richesse. À travers trois piliers essentiels – l’annulation des dettes, la libération des esclaves et le retour des terres – le Yovel invite à un profond Tikoun économique et spirituel. Quelles sont les valeurs universelles qui s’en dégagent ?

Annulation des dettes : l’effacement au nom de l’équité

Dans la Torah, l’année de Yovel consacre l’idéal d’une société où l’accumulation des dettes ne peut devenir une prison éternelle. Toutes les créances entre particuliers sont effacées (cf. Devarim 15), créant un espace de renouvellement économique. Cette règle ne repose pas sur le calcul, mais sur une exigence morale : libérer l’homme du poids du passé.

Rabbi Méïr enseigne que « celui qui voit son prochain s’enfoncer dans la pauvreté et ne lui tend pas la main transgresse un commandement positif » (Talmud, Ketouvot 68a). L’annulation des dettes devient ainsi un acte de foi : foi en D.ieu qui subvient à nos besoins, et foi en l’autre, capable de repartir à zéro.

« Il n’y aura point de pauvre chez toi, car l’Éternel te bénira »

(Devarim 15, 4)

À une époque où l’endettement peut devenir un mécanisme d’exploitation, la Torah propose un système de réinitialisation périodique, garantissant que l’économie reste au service de la dignité humaine, et non l’inverse.

Libération des esclaves : restaurer la liberté humaine

Le Yovel marque aussi la libération de tout Hébreu devenu esclave pour cause de pauvreté ou de dettes (cf. Vayikra 25). L’être humain ne peut être possédé : même lorsqu’il est vendu, ce n’est que « comme un salarié, comme un résident » (ibid.). Cette libération automatique rappelle que la liberté est notre condition originelle, car nous appartenons à D.ieu seul.

La Guemara affirme : « Qui acquiert un esclave, c’est comme s’il s’acquérait un maître » (Kiddouchin 20a), soulignant combien cette relation est intenable dans une vision éthique. Le Yovel remet les compteurs à zéro et replace l’homme au centre, au-delà des statuts sociaux temporaires.

« Car c’est à Moi que les enfants d’Israël sont esclaves : ils sont Mes esclaves, que J’ai fait sortir du pays d’Égypte »

(Vayikra 25, 55)

Cette vision rompt avec toute forme de domination. Elle nous rappelle que toute autorité humaine est temporaire, et que seule la souveraineté divine est absolue. La libération n’est donc pas un acte social ou politique, mais un impératif spirituel fondamental.

Retour des terres à leur famille : réparer la fracture de l’inégalité

Au Yovel, chaque terre retourne à sa famille d’origine, comme indiqué dans Vayikra 25, 10. Ce mécanisme évite que la propriété foncière ne soit concentrée indéfiniment entre quelques mains. Il garantit une redistribution cyclique des ressources naturelles, assurant à chaque tribu, chaque famille, un droit d’ancrage sur sa terre.

Selon le Sforno, ce retour protège « l’ordre social voulu par D.ieu » et empêche que « l’un accumule en appauvrissant l’autre » (commentaire sur Vayikra 25, 23). Le sol d’Israël, terre sainte, ne peut devenir une marchandise comme une autre.

« La terre ne se vendra pas à perpétuité, car la terre est à Moi »

(Vayikra 25, 23)

Ce retour des terres incarne un profond Tikoun collectif : la société n’est pas un champ de compétition, mais un lieu d’équilibre où chacun reçoit les moyens de reconstruire, transmettre, espérer.

Conclusion

À travers le Yovel, la Torah nous propose une révolution silencieuse mais radicale : restaurer le lien sacré entre l’homme, sa liberté, et sa terre. C’est un appel à fonder notre économie sur la compassion, la mémoire et la responsabilité collective. Une société alignée sur la volonté divine ne laisse personne en marge.


Résumé — Le Yovel abolit les inégalités figées, rétablit la liberté et garantit à chacun un socle pour reconstruire. Il incarne un Tikoun fondé sur l’équité, la dignité humaine et la souveraineté divine sur le monde.

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