Le monde du travail n’échappe pas à la dimension spirituelle de la vie juive. Bien au contraire : c’est dans les affaires, les échanges, les contrats et les rémunérations que se manifeste concrètement notre fidélité à la volonté divine. La Torah ne fait pas de séparation entre foi et profession ; elle exige une éthique rigoureuse jusque dans les plus petits détails.
Travailler avec intégrité, c’est sanctifier le Nom d’Hachem dans les lieux les plus profanes. C’est aussi participer à la réparation du monde par la justice, la confiance et la transparence.
1. Paiement honnête du salarié
La Torah est formelle :
« Tu ne voleras pas. Tu ne retiendras pas le salaire d’un ouvrier jusqu’au matin. »
(Vayikra 19, 13)
Il ne s’agit pas uniquement de vol manifeste. Retarder injustement un paiement, promettre un salaire sans l’honorer, exploiter la vulnérabilité d’un employé – tout cela est sévèrement condamné. Le Talmud (Bava Metsia 111a) considère le non-paiement d’un ouvrier comme une forme de sang versé.
Travailler, c’est donner de soi. Le respect du travail d’autrui est un pilier du Tikoun, car il redonne à chaque être humain sa dignité.
2. Éviter la fraude ou l’abus de pouvoir
La Torah interdit toute forme de tromperie commerciale, même infime. Le verset le plus emblématique est :
« Vous ne volerez pas, vous ne tromperez pas votre prochain. »
(Vayikra 19, 11)
Cela inclut la fausse publicité, les chiffres gonflés, les commissions occultes ou l’exploitation d’un client ignorant. Le Rambam écrit dans le Mishné Torah qu’« un mensonge dans le commerce, même sans vol effectif, est une profanation du Nom Divin ».
Quant à l’abus de pouvoir – vis-à-vis de salariés, collègues ou subordonnés – il annule l’image divine en l’autre. Le Tikoun consiste ici à exercer l’autorité avec humilité et équité, comme un gardien du bien commun, non comme un dominateur.
3. Maasser Kesafim : la dîme sur les revenus
Enfin, la Torah nous enseigne que ce que nous gagnons ne nous appartient pas totalement.
Prélever 10 % de ses revenus nets pour soutenir des œuvres de Torah ou des personnes dans le besoin, c’est inscrire notre argent dans une logique de Tikoun.
Le Maasser Kesafim n’est pas une simple tsédaka : c’est une reconnaissance que tout vient d’Hachem. Le Talmud (Taanit 9a) affirme :
« ‘Aser te’asser’ – Donne la dîme pour t’enrichir. »
C’est-à-dire que celui qui donne voit sa bénédiction se multiplier.
En mettant ses ressources au service d’autrui, on transforme son travail en sanctuaire.
Conclusion
Le Tikoun professionnel ne se joue pas dans de grandes déclarations, mais dans les gestes quotidiens : payer à l’heure, dire la vérité, partager ses gains. En cela, l’homme devient un partenaire du Créateur dans l’entreprise de la justice et du bien.