Tikoun et relations sociales

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La Torah n’est pas seulement un code de lois religieuses. Elle est aussi un guide social, un appel à bâtir une société où chacun est responsable de l’autre. Le Tikoun du monde ne peut passer que par la réparation du lien social, cette trame invisible faite d’empathie, d’écoute, de justice et de solidarité.

Être juif, c’est refuser l’indifférence. C’est croire que chaque vie compte, que chaque injustice nous engage. Voici trois clés essentielles du Tikoun social dans la pensée juive.


1. Sens de la responsabilité collective

« Kol Israël arévim zé bazé » – « Tous les membres d’Israël sont garants les uns des autres » (Chevouot 39a).

Cette phrase fondatrice résume la vision sociale du Judaïsme : nul ne peut se croire dispensé d’agir sous prétexte que « ce n’est pas son problème ». Dans la Torah, la responsabilité est partagée. Si un homme souffre, tout le peuple est concerné.

Le Tikoun commence par cette conscience aiguë que mes actes, mes paroles et même mes silences ont un impact sur l’autre. Dans une époque marquée par l’individualisme, réintégrer la notion de responsabilité mutuelle est une urgence morale.


2. Interdiction de rester indifférent

« Tu ne te tiendras pas là où coule le sang de ton frère »

(Vayikra 19, 16)

Ce verset est l’un des plus puissants de toute la Torah. Il interdit de rester passif face à la souffrance, à l’injustice ou au danger. La halakha en déduit l’obligation d’intervenir lorsqu’une vie est menacée, mais aussi d’agir face à la calomnie, la misère, l’humiliation.

Le Rav ‘Haïm de Volozhin écrivait : « L’homme n’est pas né pour lui-même, mais pour autrui. » Le Tikoun du lien social passe par un cœur sensible, un regard attentif, et une volonté de s’engager là où le monde a besoin d’être réparé.


3. Rav Sacks : la moralité relationnelle comme pilier de société

Le Rav Jonathan Sacks z’’l enseignait que ce ne sont ni les lois, ni les contrats, ni les armées qui fondent une société stable : c’est la moralité relationnelle, cette capacité à faire passer l’autre avant soi, à être loyal, honnête, digne de confiance.

Dans To Heal a Fractured World, il écrit :

« Le monde change non quand le pouvoir change de mains, mais quand le lien entre les hommes devient sacré. »

Pour Rav Sacks, le Tikoun passe par une éthique du lien : comment je parle à l’autre, comment je le traite, comment je me rends digne de sa confiance. C’est là que se construit la société véritable.


Conclusion

Le Tikoun social commence dans les petits gestes : prendre la responsabilité d’un frère, ne pas détourner les yeux, cultiver le respect du lien. C’est ainsi que l’on transforme une foule en peuple, une société en fraternité.

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