Le monde est construit sur les relations humaines. Plus encore que les rituels, la Torah insiste avec force sur la manière dont l’homme traite son prochain. Le Tikoun, la réparation de soi-même et du monde, ne peut se faire sans une vigilance constante dans les Mitsvot interpersonnelles. Le Talmud affirme que le Temple a été détruit à cause de la haine gratuite (Sinat ‘Hinam), et qu’il ne sera reconstruit que par l’amour gratuit (Ahavat ‘Hinam)Articles TEV.
Dans cet article, nous mettons en lumière trois piliers fondamentaux du Tikoun par les Mitsvot sociales : la bonté gratuite (‘Hessed), la retenue face à l’humiliation publique, et l’aide désintéressée.
1. Bonté envers autrui : ‘Hessed
Le ‘Hessed est l’une des bases de la création. Le monde, enseigne le Roi David, est « bâti par la bonté » (Olam ‘Hessed Yibané – Téhilim 89, 3). Le Zohar va jusqu’à dire que l’âme de l’homme est soutenue par ses actes de bonté. Donner, accueillir, écouter, soutenir : autant de gestes simples qui tissent les fibres d’un monde réparé.
La ‘Hessed ne se limite pas à donner matériellement ; elle commence par un regard, un mot, un sourire. Rabbi Eliézer enseignait qu’« il vaut mieux un visage rayonnant qu’un verre de lait » (Ketoubot 111b). Car l’amour sincère que l’on transmet ouvre des portes que même l’argent ne peut franchir.
Le Tikoun par la ‘Hessed, c’est donc recréer autour de nous un climat de tendresse et de miséricorde, dans un monde souvent dur et distant.
2. Ne pas humilier publiquement
Le Talmud est sans équivoque : « Mieux vaut se jeter dans une fournaise que de faire honte à autrui en public » (Bérakhot 43b). La honte infligée à une personne devant les autres détruit son honneur et sa dignité. Dans certaines situations, elle peut laisser des cicatrices plus profondes que des blessures physiques.
Rabbi Na’hman de Breslev explique que l’humiliation publique est une forme de vol de l’âme. Elle efface le sentiment de sécurité intérieure, et c’est pourquoi elle est si grave. Le Tikoun consiste ici à apprendre à parler avec tact, à corriger en privé, à ne jamais utiliser le sarcasme ou l’ironie comme des armes.
Le respect de l’honneur d’autrui est une Mitsva essentielle, car c’est dans l’estime mutuelle que se construit la présence divine dans le monde.
3. Aider sans attendre de retour
La Torah nous demande d’« aimer ton prochain comme toi-même » (Vayikra 19, 18), sans condition, sans attente. Aider quelqu’un avec le désir d’un retour, d’une reconnaissance, voire d’une dette, transforme la Mitsva en stratégie égoïste. Le vrai Tikoun vient de l’amour désintéressé.
Rabbi Dessler dans Mikhtav MéEliyahou souligne que l’amour commence quand on donne sans attendre. C’est dans le don pur que l’on se rapproche le plus de l’essence divine, car D.ieu Lui-même donne sans recevoir.
Aider gratuitement, c’est libérer l’autre de la dette, et se libérer soi-même de l’ego. C’est dans cet espace que naît une vraie réparation du lien humain.
Conclusion
Le Tikoun par les Mitsvot interpersonnelles est une voie essentielle pour réparer notre être et notre monde. Elle demande du travail intérieur, de la vigilance dans nos paroles, et un cœur tourné vers l’autre. C’est par la bonté, la pudeur et la générosité de cœur que nous construisons la Géoula, la délivrance véritable.