Depuis les premiers pas d’Avraham jusqu’à l’époque moderne, le peuple juif porte une responsabilité singulière envers l’humanité. À travers les âges, cette vocation s’est exprimée sous des formes multiples : prophétie, exil, étude, témoignage silencieux, et engagement actif pour le bien de tous. Ce voyage historique révèle une fidélité impressionnante à une mission qui transcende le temps et l’espace.
Avraham Avinou : le premier ambassadeur du monothéisme
Avraham est appelé par Hachem avec une mission claire :
« En toi seront bénies toutes les familles de la terre. » (Genèse 12:3)
Il n’est pas simplement le père d’un peuple, mais le canal par lequel la bénédiction divine doit se répandre sur toute l’humanité.
Exemple : Avraham ouvre sa tente aux voyageurs – un acte d’accueil qui symbolise l’ouverture du judaïsme aux autres peuples, dans une époque de violence et d’idolâtrie.
Le don de la Torah : un projet pour toute la Création
Au Sinaï, le peuple juif reçoit la Torah, mais avec un objectif universel :
« Vous serez pour Moi un royaume de prêtres et une nation sainte. » (Exode 19:6)
Le rôle des prêtres ? Servir, enseigner, élever. Ce n’est pas un privilège, mais une charge : porter le message divin au monde.
La Torah orale : transmettre l’inspiration dans l’action
À travers la Michna et le Talmud, les Sages élaborent des lois mais aussi une éthique profonde qui inspire le respect, même des non-juifs. Le traité Avot est d’ailleurs le traité le plus universel du corpus talmudique.
Exil et dispersion : une mission en apparence interrompue ?
Avec la destruction du Temple et l’exil, on aurait pu croire que la vocation juive s’éteignait. Mais en réalité, elle se diffuse dans le silence.
Exemple : En Babylonie, les Sages créent des centres d’étude, codifient la Torah orale. Le Talmud de Babylone devient le cœur battant de la transmission, et influence des siècles de pensée morale.
Le Rav Hirsch dira : « Chaque maison juive doit être un petit sanctuaire, un phare pour le monde. »
Le Moyen Âge : témoignage dans l’adversité
Malgré les persécutions, les expulsions, les pogroms, les communautés juives deviennent des modèles de vie éthique et éducative. Les non-juifs s’étonnent : pourquoi les Juifs tiennent-ils autant à leur Torah ?
Exemple : Rachi et le Rambam ne se contentent pas d’écrire pour les Juifs. Leurs idées influencent les penseurs chrétiens et musulmans. Le Rambam sera lu par Thomas d’Aquin, et Rachi cité dans les cours royales.
Malgré l’enfermement dans les ghettos, la Torah continue de rayonner.
L’époque moderne : nouvelle ouverture au monde
Avec l’émancipation, le judaïsme sort des murs et entre dans les universités, les sciences, l’art, la psychologie, l’économie.
Exemple : Rav Samson Raphael Hirsch en Allemagne, Rav Kook en Terre d’Israël, Rav Soloveitchik en Amérique – tous parlent de la responsabilité d’Israël envers le monde entier.
Victor Frankl, rescapé de la Shoah, transforme la souffrance en enseignement universel : le sens de la vie passe par la responsabilité morale.
Aujourd’hui : la mission continue avec de nouveaux outils
Aujourd’hui, à travers internet, les centres d’étude, les vidéos, les livres, le message juif est plus accessible que jamais. Mais l’essentiel ne change pas :
« Le monde tient grâce à trois piliers : la Torah, le service divin, et la bonté. » (Pirké Avot 1:2)
Des institutions comme Aish HaTorah, Chabad, Torah.org ou La Flamme Fraternelle s’efforcent de diffuser la sagesse éternelle pour élever toute l’humanité.
Conclusion
À travers l’histoire, le peuple juif a été ballotté par les tempêtes de l’Histoire, mais il n’a jamais abandonné sa mission. Qu’il soit sur les hauteurs de Jérusalem ou dans les caves de l’Inquisition, dans les shtetls d’Europe ou les campus d’aujourd’hui, il continue de porter une lumière qui ne s’éteint pas.
La vocation du judaïsme n’est pas figée : elle s’adapte, se renouvelle, mais garde toujours le même cœur battant – apporter le divin dans le monde à travers la Torah, les mitzvot, et un comportement exemplaire. L’histoire continue. À nous d’y écrire notre chapitre.