Dans un monde où l’information circule à toute vitesse, la vérité semble parfois s’effacer devant l’artifice. Pourtant, selon la tradition juive, l’authenticité n’est pas seulement une vertu morale : elle est un pilier de la Création. À travers cet article, nous comprendrons comment la vérité et le mensonge façonnent notre Tikoun personnel et collectif. Faut-il toujours dire la vérité ? Peut-on éviter le mensonge sans heurter ? Que nous enseigne la Torah sur la flatterie, les demi-vérités et les silences choisis ?
Éviter la flatterie ou la ruse
La Torah condamne avec force toute forme de flatterie mensongère. Le Yetser Hara peut se dissimuler derrière des mots agréables mais manipulateurs. Le livre des Proverbes avertit :
« Celui qui flatte son prochain tend un filet sous ses pas. »
(Proverbes 29, 5)
Le Or’hot Tsadikim consacre un chapitre entier à la tromperie par la parole, expliquant que la flatterie corrompt les relations humaines et déforme la réalité. Le Midrach enseigne même que les flatteurs « éloignent la Présence divine ».
‘Emet : fondation du monde (Zohar)
Le Zohar définit la vérité comme la base même de la Création :
« Le sceau d’Hachem est Émet. »
(Zohar I, 201b)
Le mot Émet contient la première (Alef), la lettre centrale (Mem) et la dernière (Tav) de l’alphabet hébraïque : il représente ce qui est stable, cohérent et universel. À l’inverse, le mensonge, en hébreu Chéker, repose sur des lettres proches (Shin, Kouf, Rech), instables et trompeuses.
Ne pas dire la vérité qui blesse inutilement
Dire la vérité ne signifie pas nécessairement tout dire. Nos Sages enseignent qu’il est parfois une Mitsva de taire une vérité blessante. Le Talmud (Yevamot 65b) dit :
« Il est permis de modifier la vérité pour préserver la paix. »
(Yevamot 65b)
Lorsque les anges annoncent à Sarah qu’elle aura un enfant, Hachem Lui-même modifie légèrement Ses paroles pour ne pas froisser Avraham (Genèse 18, 12-13). Ce geste divin illustre la délicatesse attendue de l’homme dans l’usage de sa parole.
Notre Tikoun ne consiste pas à tout révéler, mais à sanctifier notre parole. Dire vrai, oui. Blesser par excès de sincérité ? Non. C’est la finesse du Tikoun par la parole : choisir la vérité utile, pas l’agression dissimulée sous le prétexte de l’honnêteté.
Conclusion
Dire la vérité fait partie intégrante du Tikoun de l’âme. Mais cette vérité doit être orientée vers le bien, évitant aussi bien le mensonge que la brutalité inutile. La parole est une force créatrice : sachons l’utiliser pour construire.
Résumé — La tradition juive nous enseigne que la vérité est fondement du monde. Flatterie, ruse ou excès de franchise doivent être évités. Le Tikoun de la parole réside dans l’équilibre entre sincérité et sensibilité.
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